Desiree Isaac-Pictou espère inciter davantage d’Autochtones à faire du sport
À Santiago 2023, la femme mi’kmaq fait ses débuts à de grands Jeux
SANTIAGO – Elle n’a que 23 ans, mais Desiree Isaac-Pictou connaît le récit d’anciennes et d’anciens athlètes autochtones qui ont représenté le Canada sur la scène internationale. Elle espère maintenant graver son nom dans ces légendes en commençant par les Jeux parapanaméricains de 2023.
Quand on lui demande quels sont ses plus grands modèles, Issac-Pictou n’hésite pas à mentionner Waneek Horn-Miller, ancienne joueuse de water-polo de l’équipe nationale canadienne et première femme mohawk à participer aux Jeux olympiques et membre du Panthéon des sports canadiens. Horn-Miller n’était pas seulement l’une des meilleures joueuses de l’équipe, ce fut aussi l’une des premières athlètes autochtones à faire entendre sa voix.
On l’entend encore dans les communautés autochtones du Canada.
« L’histoire de Waneek, les défis qu’elle a dû relever, sa voix pendant la crise d’Oka et la façon dont elle a persévéré tout en devenant une athlète incroyable font d’elle un modèle pour les jeunes », relate Isaac-Pictou.
« Je ne suis pas née à l’époque où beaucoup de choses se passaient, mais j’ai entendu ces histoires quand j’étais jeune. »
Isaac-Pictou, qui a grandi à Ugpi’ganjig Eel River Bar (Nouveau-Brunswick), a obtenu un diplôme en commerce de l’Université du Nouveau-Brunswick en 2022. Elle travaille aujourd’hui dans le domaine des médias sociaux et des communications au sein d’une fondation communautaire autochtone qui renforce les relations entre le secteur philanthropique et les communautés des Premières nations du Canada atlantique.
L’année dernière, elle a participé à un projet de recherche sur le sport autochtone qui pourrait influencer les décisions de Sport Canada. L’objectif de ce projet était de se faire une idée du nombre d’Autochtones qui pratiquent un sport au Canada et de déterminer leurs besoins en matière de sport.
« C’est important d’avoir une représentation des personnes ayant un handicap, des Autochtones ou d’autres minorités, tout simplement pour être un bon modèle », affirme Isaac-Pictou.
Elle a été membre de l’équipe du Nouveau-Brunswick aux Jeux autochtones de 2014 et 2017. Cependant, un accident étrange survenu en 2020 près de sa ville natale a bouleversé sa vie, puisqu’elle a perdu ses deux jambes.
Sally Hutt, directrice générale de Parasport Nouveau-Brunswick, est devenue mentor pour Isaac-Pictou et l’a initée au parasport. Elle a rencontré l’entraîneur Clary Stubbert, qu’elle a impressionné par ses qualités athlétiques.
Le parcours jusqu’à l’équipe nationale a donc commencé, mais il s’est accéléré en 2023. Elle a concouru en basketball en fauteuil roulant pour le Nouveau-Brunswick aux Jeux du Canada, a été membre de l’équipe féminine U25 de basketball en fauteuil roulant du Canada qui s’est classée sixième aux Championnats du monde et côtoie maintenant certaines des plus grandes vedettes de ce sport, comme Cindy Ouellet, Kady Dandeneau et Arinn Young.
Paul Bowes, entraîneur principal de l’équipe nationale, est très enthousiaste au sujet de ses deux nouvelles jeunes joueuses à Santiago, Isaac-Pictou et Beth Johnson, de Winnipeg (Manitoba). Johnson a suivi un parcours similaire à celui d’Isaac-Pictou. Nouvellement arrivée dans le sport, elle a participé aux Jeux du Canada et aux championnats du monde U25 en 2023.
« Desiree et Beth ont beaucoup de jeunesse et d’énergie positive à contribuer », affirme Bowes. « Nous leur avons parlé de leur rôle dans l’équipe. Elles savent qu’elles n’auront peut-être pas beaucoup de minutes de jeu, mais elles posent des questions, apprennent et écoutent les entraîneurs et les autres joueuses. »
Samedi, l’équipe féminine canadienne de basketball en fauteuil roulant a ouvert le tournoi de Santiago avec une victoire impressionnante de 61-44 sur le Brésil.