OTTAWA – Bernard Lapointe a été un grand sportif toute sa vie. Même un malheureux accident il y a six ans, qui l’a laissé paraplégique incomplet, n’a pas pu empêcher l’Acadien de 35 ans de St-Léonard, au N.-B., de continuer à viser l’excellence sur le terrain de jeu.
Présentement, sa concentration est sur le parabadminton, le dernier ajout au programme officiel des Jeux parapanaméricains 2019 en août à Lima et des Jeux paralympiques 2020 à Tokyo. Lapointe a été choisi dans l’équipe canadienne pour Lima et il vise aussi un classement mondial parmi les huit premiers pour obtenir son billet pour Tokyo.
« Ce ne sera pas facile d’obtenir cette place pour les Jeux paralympiques », admet le jovial Lapointe dans son français distinct ‘de dialecte acadien’. « Il y a deux ans, j’étais classé huitième, donc j’ai le potentiel. Mais tout le monde travaille fort pour y parvenir. »
Les points de classement sont obtenus dans les tournois internationaux. Malheureusement, une infection plus tôt cette année a forcé Lapointe à rater les trois premiers tournois de la saison. Il a fait ses débuts 2019 dans une compétition qui regroupait 40 pays à Ottawa et dans laquelle il s’est rendu en quarts de finale dans sa catégorie WH2.
Juste avant les Jeux parapanaméricains, il participera aux championnats du monde, puis il ira à Lima avant de se rendre en Asie pour le restant de l’année pour jouer en Chine, au Japon, en Thaïlande et en Australie.
Lapointe a joué au badminton à l’école secondaire, mais n’a adopté la version en fauteuil roulant du sport qu’il y a trois ans. Il était déjà un joueur de tennis en fauteuil roulant classé nationalement et il a aussi joué au para-hockey sur glace en hiver.
« Je me suis mis au travail et quelques années après mon accident, j’ai entendu parler du parabadminton », dit-il. « Je me suis dit, ‘J’étais bon à cela’. Maintenant il m’a donné beaucoup d’excellentes occasions.
« J’avais déjà la technique pour le sport. Ce sont les mouvements que je devais pratiquer. Quand vous jouez contre des joueurs de l’Asie, vous comprenez que vous n’êtes pas si rapides. Ils ont une meilleure technique que nous. Donc c’est amusant d’apprendre comment s’améliorer dans ce domaine et vous apprenez comment vous pouvez faire de petits ajustements à votre fauteuil qui peuvent faire des différences que personne ne comprend. »
En parabadminton en fauteuil roulant, le court est réduit de 50% sur les côtés, ce qui le rend rectangulaire. Cela crée des échanges rapides impressionnants et force les joueurs dans les fauteuils roulants à démontrer une fantastique flexibilité pour récupérer les lancers. Il y a aussi de la compétition pour les amputés, les joueurs ayant de la paralysie cérébrale et les joueurs de petite taille.
« Des échanges peuvent aller jusqu’à 50 frappes », a dit Lapointe. « Même avec l’espace réduit nous devons déplacer notre fauteuil roulant et respecter les limites du court. Je peux vous dire que le temps de réaction est limité. Il exige beaucoup d’entraînement et je passe beaucoup de temps au gymnase à essayer de devenir plus fort et plus rapide. »
Les Jeux parapanaméricains seront la première fois que Lapointe porte l’uniforme canadien dans des Jeux majeurs. Il jouera en doubles avec un joueur dont le nom est bien connu des amateurs de longue date des Jeux paralympiques: Richard Peter.
Âgé de 46 ans, Peter, de Duncan, en C.-B., a participé à cinq Jeux paralympiques (1996 à 2012) en basketball en fauteuil roulant, remportant trois médailles d’or et une d’argent.
« Avec l’expérience de Richard, je ne suis pas stressé », a dit Lapointe, qui s’entraîne à l’Université de Moncton avec son entraîneur personnel Mark LaForge. « Nous sommes co-chambreurs et nous parlons beaucoup de tout. Quand vous allez à des tournois avec quelqu’un qui y est déjà allé, cela rend la chose plus facile. »
Aux championnats panaméricains 2018 en parabadminton, aussi présentés à Lima, Lapointe a gagné trois médailles de bronze, dont une avec Peter.
Lapointe a été blessé de manière permanente à une jambe dans un accident de VTT. Sa moelle épinière a été pincée, mais pas gravement.
« Je peux marcher avec un appareil orthopédique et des béquilles, mais pas sur de longues distances », dit-il. « Je suis un des chanceux, donc je ne peux pas me plaindre. J’aime les sports et je veux y demeurer impliqué pour le restant de ma vie. »
