Frédérique Turgeon prête pour une saison complète

La skieuse para-alpine est de retour après une douloureuse blessure
Fred Turgeon

MONTRÉAL – Frédérique Turgeon a déjà connu des déchirements dans sa vie, tant sur le plan personnel que sur le plan compétitif.

Vous ne le saurez jamais à son comportement. Mais nous le savons tous, car elle est prête à partager ses expériences, que de nombreuses personnes ont d’ailleurs vécues dans leur vie, avec nous : la perte d’un parent à un jeune âge, les triomphes et les déceptions d’une carrière sportive, sur le terrain de jeu et en dehors de celui-ci.

À la Coupe ParaForts, un événement de collecte de fonds organisé au profit de la Fondation paralympique canadienne qui s’est tenu à Montréal au début du mois, l’étoile du ski para-alpin de 23 ans a partagé ses expériences avec les participants dans le cadre d’une discussion.  

Au cours des quatre dernières années, son monde a été bouleversé par la mort de son plus fervent partisan, son père, et par une blessure survenue 48 heures avant sa première course aux Jeux paralympiques d’hiver de 2022 à Beijing.

« Je sais que je suis une athlète résiliente », dit-elle à propos de sa capacité à surmonter les défis.

Au début de 2019, Turgeon semblait se diriger vers la gloire dans le monde du ski para-alpin. Un an après avoir fait ses débuts paralympiques à Pyeongchang, elle a remporté sa première victoire en Coupe du monde, trois médailles aux championnats du monde et le globe de cristal pour clôturer la saison.

Puis la COVID a frappé. Des blessures sont arrivées. La saison 2022-2023 sera en quelque sorte un nouveau départ pour Turgeon. Elle aimerait vivre une saison complète sans interruption et retrouver cette magie qui lui avait permis de gravir régulièrement les marches du podium.

Plus tôt cette année, aux Jeux paralympiques de Beijing, Turgeon s’est blessée deux jours avant le début des compétitions. Lors d’une descente d’entraînement, elle a été victime d’une grave chute après avoir été propulsée à 90 kilomètres à l’heure dans les filets de sécurité. Elle a subi une blessure au quadriceps gauche, et quelques heures avant la course, ses Jeux étaient terminés.

« J’ai beaucoup pleuré dans l’ambulance », admet Turgeon. « Mais c’est tout. Je suis passée à autre chose. C’était la pire blessure de ma carrière et elle est arrivée au pire moment. Mais aucun os n’a été brisé, la situation aurait pu être bien pire. En quelque sorte, j’ai été chanceuse. »

La bonne nouvelle, c’est que la blessure subie à la jambe à Beijing n’a pas retardé sa préparation pour la saison à venir. Elle a participé à des camps d’entraînement cet été au Chili et en Colombie-Britannique.

« La plus grande différence en ce moment, c’est que je me fatigue plus rapidement, mais c’est assez normal », explique Turgeon. « Comme mon quadriceps est en train de se reconstruire, il ne peut pas supporter la même pression qu’auparavant. Je dois m’assurer de bien le gérer. »

Turgeon, qui marche à l’aide d’une prothèse, a d’abord participé à des compétitions de parasport sur les deux jambes avant qu’un accident ne lui casse la jambe à la fin de 2013. Elle s’est ensuite adaptée au ski sur une jambe. En 2016, elle a fait ses débuts en Coupe du monde en Autriche.

Elle est née avec une déficience fémorale congénitale de la jambe droite, qui est 50 % plus courte que la gauche.

Elle a repris l’entraînement cette année et elle a déjà commencé à dévaler les pistes à des vitesses effrénées. Bien sûr, cette première tentative au Chili il y a deux mois demeure mémorable.

« C’était bizarre, admet-elle. Je ne m’attendais pas à ressentir une sensation bizarre. J’avais un peu peur et j’étais en mode freinage. Mais après trois descentes, tout est revenu à la normale. Depuis, nous avons eu un camp au Canada et un autre au Chili. J’ai un mois de ski en moi et c’est ce que vous voulez avoir à l’approche d’une saison. »

L’équipe canadienne de ski para-alpin commencera sa saison en décembre avec une Coupe du monde à Saint-Moritz, en Suisse.

Et dans un sport qui comporte son lot de hauts et de bas, tant au sens propre qu’au sens figuré, Turgeon espère trouver de la stabilité jusqu’à la fin de l’hiver.