Jessica Tuomela, l’une des plus grandes paralympiennes canadiennes, prend sa retraite

Vedette de deux sports, elle a surmonté la peur et des défis pour se rendre au sommet
Jessica Tuomela

VICTORIA – Après une pause de huit ans de la compétition sportive, Jessica Tuomela se souvient de la décision importante qu’elle a prise de remonter dans l’arène – mais pas en paranatation qui l’a vu participer à trois Jeux paralympiques.

Cette fois-ci, elle allait s’adonner au paratriathlon, soit trois sports en un. Ayant une déficience visuelle causée par un rétinoblastome depuis l’âge de trois ans, Tuomela a appris depuis longtemps à ne pas laisser la peur lui mettre des bâtons dans les roues.

« C’était un excellent choix », a-t-elle déclaré au cours d’une entrevue avec le CPC. « C’était terrifiant. J’ai traversé le pays toute seule pour m’installer dans une ville (Victoria) que je ne connaissais pas. Je me lançais dans un sport que je ne connaissais pas du tout. Un sport qui m’obligeait à courir sur cinq kilomètres après avoir nagé et fait du vélo. »

« Je ne pouvais même pas courir sur cinq kilomètres. »

C’était en 2017. Tuomela a ensuite participé à 30 épreuves de paratriathlon sanctionnées par World Triathlon, y compris des Coupes du monde et des Championnats du monde. Elle est montée sur le podium à 22 remarquables reprises. Elle compte neuf victoires.

Sa plus récente victoire remonte à juillet dernier à la Para Cup de Long Beach, en Californie, et elle a remporté deux autres médailles internationales en 2023 avec sa guide Emma Skaug, de Victoria. En 2018, à une Coupe du monde qui se déroulait à Edmonton, elle est entrée dans l’histoire avec sa guide de l’époque, Lauren Babineau, en devenant la première athlète entièrement aveugle à remporter l’or à une épreuve du circuit.

Mais des problèmes de santé récents ont perturbé son entraînement au point qu’elle a estimé qu’une médaille serait presque impossible à Paris 2024.

Par l’intermédiaire de Triathlon Canada, elle a officiellement annoncé sa retraite de la compétition sportive à la fin du mois de décembre.

« C’était une décision très importante », a expliqué la femme de 40 ans. « Je fais de la compétition sportive depuis 2000. Il était temps. Je ne me suis pas entraînée de la manière dont j’ai besoin, dans mon esprit, pour être compétitive en triathlon. »

« Le triathlon est un sport dont l’entraînement est très exigeant. Il n’est pas rare de passer trois ou quatre semaines sans prendre un jour de congé. Je ne pouvais plus suivre. Je voulais que nous soyons compétitives et je ne me sentais plus capable de le faire. »

Tuomela a fait partie de l’équipe nationale canadienne de paranatation de 2000 à 2008. Elle a participé à trois Jeux paralympiques au cours de cette période, avec comme fait saillant une médaille d’argent à l’épreuve de 50 m libre à Sydney. Pendant la période de transition entre ses deux carrières compétitives (2008-2017), elle a terminé ses études, obtenu un certificat de massothérapeute, travaillé quatre ans dans ce domaine, et obtenu une maîtrise en travail social.

Elle travaille actuellement comme thérapeute en santé mentale dans un centre de traitement des dépendances à Victoria et possède également sa propre entreprise qui la voit entraîner des chiens et travailler avec eux pour retrouver des personnes disparues.

Tuomela a fait les manchettes (en anglais) en 2023 quand elle a aidé à sauver une personne disparue atteinte de démence, avec l’aide de sa chienne Lucy, qui avait été dressée à cet effet.

Elle a participé à ses quatrièmes Jeux paralympiques en 2020, ses premiers en paratriathlon, et y a terminé en cinquième place avec sa guide Marianne Hogan. Les guides sont évidemment un élément essentiel pour les athlètes ayant une déficience visuelle en paratriathlon et Tuomela indique qu’à mesure que les para-athlètes gagnent en compétences, des guides de niveau de plus en plus haut sont nécessaires.

« Je suis toujours très reconnaissante envers les femmes et les hommes qui ont participé à des épreuves et se sont entraînés avec moi », a affirmé Tuomela. « Sans ces personnes, je n’aurais pas eu la carrière sportive que j’ai eue. Le paratriathlon est un sport rapide et compétitif. Nous avons besoin de guides qui ont l’esprit de compétition et qui veulent se battre pour une médaille. »

Tuomela continue de s’impliquer dans le sport et espère rester infiltrée dans la famille paralympique.

« Cela a fait partie de ma vie pendant si longtemps qu’il m’est inconcevable de ne pas en faire partie. »