Cindy Ouellet vise toujours l’excellence
L’athlète québécoise de la décennie ne s’endort pas sur ses lauriers
L’athlète québécoise de la décennie ne s’endort pas sur ses lauriers
TORONTO – Cindy Ouellet s’efforce constamment d’améliorer le monde en faveur des personnes ayant un handicap : elle joue au basketball en fauteuil roulant, fait du ski paranordique, elle étudie et a une entreprise familiale et elle lutte contre l’intimidation.
Sur le terrain, la Québécoise de 35 ans est l’une des plus grandes vedettes du basketball en fauteuil roulant féminin. Elle a participé à quatre Jeux paralympiques et à cinq Jeux parapanaméricains dans cette discipline ainsi qu’à une édition des Jeux paralympiques d’hiver en ski paranordique.
Cette semaine, elle participe au tournoi de qualifications de la dernière chance de basketball en fauteuil roulant féminin en vue d’une sixième participation aux Jeux paralympiques, tournoi qui a lieu à Osaka, au Japon. Les pays qui se classeront aux quatre premiers rangs se qualifieront pour Paris.
L’équipe du Canada, classée cinquième au monde, est favorite pour se qualifier et s’entraînera la majeure partie de l’été en vue des Jeux.
Après Paris, Ouellet retournera toutefois aux études.
Son curriculum vitae impressionne autant que sa carrière sportive. Elle a obtenu un diplôme en sciences de l’exercice, une maîtrise en physiologie de l’exercice et a joué au basketball en fauteuil roulant pour l’université de l’Alabama. Elle a reçu une bourse d’études et a obtenu son doctorat en génie biomédical à l’Université de la Californie du Sud, à Los Angeles.
Après les Jeux de Paris, elle entreprendra un nouveau doctorat en neurosciences à l’Université Laval, à Québec. Elle partage également avec ses parents l’exploitation d’une entreprise de fabrication et de vente d’équipement adapté. Ses études lui permettent de rester à la fine pointe de la technologie, qui est en constante évolution dans ce domaine.
« J’attache énormément d’importance à la croissance du parasport au niveau récréatif », a affirmé Ouellet à l’occasion du Sommet sur le contenu et les médias du CPC, qui a eu lieu en février à Toronto. « Voilà à quoi sert notre équipement. Je veux aider la prochaine génération, aider en général les personnes ayant un handicap et leur montrer les possibilités qui s’offrent à elles. »
Ouellet comprend parfaitement comment le sport peut améliorer la vie d’une personne, qu’elle ait un handicap ou non.
On lui a diagnostiqué un cancer des os quand elle avait 12 ans et elle a suivi 28 cycles de chimiothérapie.
En dépit des périodes difficiles, elle cherchait toujours de nouveaux défis à relever. En 2005, sa physiothérapeute l’a initiée au basketball en fauteuil roulant. Cette athlète naturelle faisait déjà de la natation et de l’athlétisme lorsqu’elle a décidé de se tourner vers le terrain de basketball.
Ouellet a fait un autre pas de géant sur le plan sportif quand elle a participé aux épreuves de ski paranordique en position assise aux Jeux paralympiques d’hiver de 2018. Elle est devenue l’une des rares athlètes au monde à avoir participé aux Jeux d’hiver ainsi qu’aux Jeux d’été.
« La réussite personnelle est ma principale motivation », a-t-elle avoué. « Je veux être meilleure, et plus forte dans mon sport. J’ai l’impression d’apprendre tous les jours quelque chose de nouveau en basketball en fauteuil roulant. Ça me donne de l’autodiscipline. »
Ses exploits ne sont pas passés inaperçus. À l’occasion du Gala sports Québec de 2021, elle a été nommée athlète de la décennie au Québec pour les années 2010, parmi les athlètes de toutes les disciplines sportives, ayant ou non un handicap. Elle a partagé le prix avec Benoît Huot, paranageur.
« C’est un énorme honneur », a-t-elle admis. « J’étais bouleversée. Au Québec, nous avons beaucoup d’athlètes d’élite, aussi bien du côté paralympique que du côté olympique. C’était une soirée incroyable, comme de voir des vidéos de personnes qui saluaient ma carrière sportive. »
« Et ça m’a fait réaliser que je n’aurais jamais pu réussir sans l’aide de mon personnel entraîneur, de ma famille et des autres membres de l’équipe de soutien. Il y a tellement de personnes dans les coulisses et j’aimerais qu’on les récompense toutes. »
Ouellet garde des souvenirs pénibles de ses années au secondaire, pendant lesquelles elle était en traitement contre le cancer ou s’en remettait. À l’école, on l’a cruellement intimidée en raison de sa perte de cheveux, de son teint pâle et parce qu’elle se déplaçait en fauteuil roulant.
Aujourd’hui, elle agit fièrement comme porte-parole pour Sport’Aide au Québec, un organisme de lutte contre l’intimidation qui permet aux jeunes de signaler les incidents d’intimidation à l’école ou ailleurs.
« J’ai été victime d’intimidation à l’école parce que j’étais différente », s’est souvenu Ouellet. « On se moquait de moi et pour moi, c’était de la violence physique et mentale. Nous devons faire comprendre aux jeunes qui vivent aujourd’hui ce genre de situation qu’il y existe de l’aide. »
Ouellet se rend dans les écoles de la province pour aborder ce sujet délicat.
« C’est aussi l’occasion de m’adresser aux jeunes qui sont susceptibles d’intimider les autres et de leur apprendre, dès leur plus jeune âge, que ce n’est pas acceptable de se moquer des personnes qui sont différentes. »
« Nous essayons de sensibiliser les enfants et les parents à la possibilité de demander de l’aide auprès d’organismes comme Sport’Aide. »
« Nous constatons des progrès dans ce domaine. »
Et le progrès, c’est ce qui caractérise Cindy Ouellet.