Malgré une saison faussée, les athlètes de déficience visuelle s’imposent toujours
« J’aime vraiment ce que je fais »
« J’aime vraiment ce que je fais »
Si vous vous sentez mal à cause de la situation actuelle de la COVID-19, il n’y a rien comme une conversation avec les paralympiennes canadiennes Priscilla Gagné et Jessica Tuomela pour élever vos esprits.
La parajudoka Gagné et la paratriathlète Tuomela, qui ont une déficience visuelle, ont dû faire des ajustements au cours des derniers mois, mais elles ont conservé une approche positive.
Les deux athlètes sont toutes deux des personnes très indépendantes et disent qu’elles n’ont pas trop souffert de la distanciation sociale extérieure, spécialement maintenant que la population est beaucoup plus vigilante. Faire l’épicerie est le plus gros problème, mais elles sont aidées par des amis et des voisins.
« J’ai failli être expulsée d’une épicerie », a dit Gagné, âgée de 34 ans, médaillée aux championnats du monde et paralympienne en parajudo qui demeure avec sa meilleure amie dans un appartement à Montréal.
« Ils disaient que j’étais supposée avoir quelqu’un à ma place à cause de ma déficience visuelle. J’ai suffisamment de vision pour demeurer à six pieds, mais je ne suis pas allée à l’épicerie depuis. Ma colocataire et des voisins le font maintenant pour moi. »
Ce sont deux athlètes de haute performance qui nécessitent des partenaires d’entraînement, dans le cas de Tuomela une guide, et cet isolement pourrait avoir un impact négatif sur leur carrière. Mais Gagné et
Tuomela recherchent des solutions et selon toute vraisemblance elles auront la même force mentale et la même forme physique qu’elles avaient avant que la pandémie frappe.
Gagné s’est tenue occupée avec ses entraînements, ses cours de piano par Zoom, en se préparant pour son cours en ligne d’écriture créative à l’Université Concordia cet automne et en aidant son église locale à garder le contact avec ses membres.
« Au tout début du confinement nous ne savions pas combien de temps cela durerait », a dit Gagné. « Après les deux premières semaines j’ai compris que j’avais besoin d’un plan. Je me couche et me lève toujours à la même heure. Je traite chaque jour comme si je m’entraînais pour garder mon moral et maintenir aussi la motivation. »
Comme athlète dans un sport de combat, Gagné admet qu’il y a des défis. Mais elle fait de son mieux avec ses deux haltères russes, son ballon médicinal, une barre de poids et de tractions, sa machine elliptique et ses bandes de résistance.
« Il est très difficile toutefois d’effectuer des mouvement dynamiques, explosifs, avec des poids », dit-elle. « Il n’y a personne avec qui faire du judo, donc traiter avec un véritable poids de corps est probablement la chose la plus difficile à récupérer.
« Mais beaucoup du judo est comme faire du vélo parce que c’est beaucoup de mémoire musculaire. La première semaine sera difficile, mais je ne suis pas inquiète. »
Comme Gagné, Tuomela est un moulin à paroles qui a été pas mal neutralisé par les restrictions.
« Je suis complètement aveugle, donc ma vie tourne autour de parler et de toucher à des gens », a dit Tuomela, une paratriathlète de l’équipe nationale qui s’entraîne à Victoria. « Je suis très indépendante, mais être si isolée a été vraiment bizarre. Grâce à la technologie et avoir mes deux chiens ont rendu cela mieux. »
Tuomela, âgée de 36 ans et médaillée d‘argent aux Jeux paralympiques de 2000 en paranatation, se tient occupée avec ses entraînements par Zoom et en allant dehors marcher pendant quatre ou cinq kilomètres par jour quelques fois, avec sa chienne guide Nala et sa chienne de compagnie Hermione.
Elle est toujours mal à l’aise en prenant le transport public en cette période à cause de la distanciation sociale.
Sa guide en paratriathlon Marianne Hogan, qui vient de Montréal, son entraîneur Carolyn Murray et ses guides bénévoles gardent aussi le contact grâce à ses plateformes sociales, mais elles ne peuvent toujours pas s’entraîner avec elle. Elle dit que les divers genres d’entraînements l’ont aidée à renforcer différents domaines de sa technique, comme l’endurance et la vitesse en vélo, donc elle espère que cela sera bénéfique dans le futur.
« Je pense que la grande leçon que j’ai apprise dans tout cela est que j’aime vraiment ce que je fais », a dit Tuomela. « Je suis un peu bizarre dans le sens que j’aime en fait la partie de l’entraînement du style de vie d’une athlète et j’aime voir mes progrès. »
Il semble que rien, même pas une pandémie globale, ne peut arrêter Tuomela et Gagné d’être les meilleures qu’elles peuvent.