La médaillée multiple des Jeux parapanaméricains, Keely Shaw, met un frein à sa carrière en paracyclisme

Shaw quitte la compétition non seulement avec des médailles, mais aussi avec de merveilleux souvenirs du temps qu’elle a passé dans l’équipe nationale. Travers convient que son impact va bien au-delà des médailles.

Keely Shaw competing in Paris 2024 Paralympic Games

La skieuse para-alpine Frédérique Turgeon annonce également sa retraite

CALGARY — L’entraîneur-chef de l’équipe canadienne de paracyclisme Sébastien Travers se rappelle encore le jour où il a rencontré Keely Shaw en 2018.

« C’était à un camp d’entraînement qui préparait les cyclistes pour les championnats nationaux », raconte-t-il. C’était une novice. Elle était là pour peaufiner sa manière de se tenir sur un vélo qui n’était pas adapté à sa taille ni à ses capacités.

« Elle a quand même pris part à sa première course sur un vélo trop petit avec un grand sourire. Elle a quand même réalisé une impressionnante performance. »

À l’époque, Travers savait que cette joueuse de hockey de Midale, en Saskatchewan, possédait déjà le talent sportif nécessaire pour devenir un jour une cycliste paralympique très performante.

Et c’est exactement ce qui s’est passé. Shaw est devenue l’une des éternelles candidates aux médailles du Canada tant sur la route que sur la piste. Elle a remporté deux médailles de bronze en autant de participation aux Jeux paralympiques et six médailles aux championnats du monde.

À 31 ans, Shaw a récemment annoncé sa retraite du sport de compétition.

« Je voulais partir de mon plein gré, non pas parce que je suis blessée ou forcée d’arrêter », a-t-elle confié au CPC lors d’une entrevue. « Et je voulais partir pendant que j’aimais encore faire du vélo. »

Shaw a acquis son handicap en 2009, à l’âge de 15 ans. Elle est tombée d’un cheval sur sa ferme familiale et a reçu un diagnostic de rupture d’un vaisseau sanguin au cerveau, ce qui a entraîné chez elle une paralysie partielle du côté gauche. Avant son accident, elle était une joueuse de hockey de haut niveau qui nourrissait le rêve de participer un jour aux Jeux olympiques.

« J’ai toujours su que mon objectif était de participer à deux Jeux paralympiques », affirme Shaw, qui admet que cela fait plusieurs mois qu’elle pense à la retraite. « L’entraînement prend beaucoup de temps, pas seulement l’entraînement en lui-même, mais aussi la récupération, les activités sociales qu’il faut refuser, le fait de penser constamment à l’impact que peuvent avoir certaines choses, un repas, par exemple, sur sa performance. »

Tous ceux qui ont regardé Shaw concourir dans la catégorie C4 savent l’impact que le paracyclisme de haut niveau peut avoir sur son corps. Sa déficience devient très évidente lorsqu’elle pousse son corps à la limite.

Elle n’a toutefois pas pris cette réalité en compte dans sa décision d’arrêter la compétition.

« Cela fait partie de la compétition », dit Shaw. « C’est la preuve que j’ai tout laissé sur la piste. Je n’ai jamais vu cela comme de la souffrance, mais comme faisant partie de ce que mon corps devait faire. »

Travers dit que c’est ce genre de dévouement qui reste gravé dans la mémoire des coéquipiers et adversaires.

« Sa résilience nous a laissé une forte impression », indique Travers. « Elle a repris le contrôle de sa vie après un traumatisme important, a transformé ses limites en forces et a investi pleinement en elle-même afin de poursuivre son rêve malgré les obstacles quotidiens. »

Mais l’impressionnant CV de Shaw ne se limite pas à ses performances sportives. Tout au long de sa carrière, elle a également été une brillante étudiante. De 2017 à 2019, elle a étudié à l’Université de la Saskatchewan en vue d’obtenir une maîtrise ès sciences en kinésiologie et en science de l’exercice et maintenu une moyenne de 88 pour cent.

Puis, de 2020 à 2023, elle a travaillé à l’obtention d’un doctorat en kinésiologie et en science de l’exercice avec une concentration en nutrition sportive pour la haute performance et les populations à besoins spéciaux (femmes, maîtres et para-athlètes).

Vivant aujourd’hui à Calgary, Shaw a entrepris une carrière de chercheuse à l’École de médecine de l’Université de Calgary et à la Faculté de kinésiologie. Sa bicyclette n’est jamais loin derrière, et elle dit qu’elle fait de 7 à 10 heures par semaine.

Shaw quitte la compétition non seulement avec des médailles, mais aussi avec de merveilleux souvenirs du temps qu’elle a passé dans l’équipe nationale. Travers convient que son impact va bien au-delà des médailles.

« Elle a laissé sa marque dans l’équipe », affirme Travers. « Elle a élevé le niveau, mettant continuellement ses coéquipiers au défi. Elle sait également comment détendre l’atmosphère durant les périodes de repos avec ses plaisanteries ou ses chansons, contribuant, avec plaisir, à l’esprit positif de l’équipe. »

Pour Shaw, cependant, la vie continue et de nouveaux défis l’attendent.

« C’était un chapitre incroyable », dit Shaw. « C’est maintenant le moment d’écrire le prochain. »

La skieuse para-alpine Frédérique Turgeon prend également sa retraite

La skieuse para-alpine Frédérique Turgeon a également récemment annoncé qu’elle prenait sa retraite du sport de compétition.

Turgeon, 26 ans, a concouru aux Jeux paralympiques d’hiver de 2018 où elle s’est classée neuvième au slalom géant féminin debout. Elle a récolté trois médailles aux championnats du monde de ski para-alpin de 2019 et s’est présentée aux Jeux de 2022 comme l’un des principaux espoirs de médailles du Canada.

Malheureusement, Turgeon a chuté lors d’une descente d’entraînement un jour avant le début des Jeux paralympiques de Beijing. Elle s’est déchiré le quadriceps et n’a pas pu concourir aux Jeux.

« J’aurais aimé avoir une médaille des derniers Jeux, car c’est ce qui manque à ma collection », a-t-elle dit à Radio-Canada.

Elle a fait un retour en force après cette blessure à Beijing pour la saison de la Coupe du monde 2022-2023. Elle a pris le deuxième rang au classement général de la Coupe du monde féminine en descente et a récolté quatre médailles au cours de la saison, dont une d’or en descente.

Mais elle a raté la totalité de la saison dernière en raison d’une blessure au genou gauche.

« J’ai fait des tests, et mon état ne s’améliorait pas », raconte-t-elle. « Ils ont parlé d’un programme de réadaptation qui allait être prolongé d’environ six mois, ou même neuf mois. »

Surnommée Fredski, elle s’est aussi fait connaître au Québec pour sa participation à l’émission de téléréalité Big Brother en 2024 et en 2025.

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