Les athlètes paralympiques du Canada excellent aussi en classe
Les para-athlètes disent que les sports et les études sont complémentaires
PARIS – Poursuivre une carrière sportive de haute performance tout en étudiant à l’université n’est plus rien d’inhabituel. Mais quelques membres de l’Équipe paralympique canadienne de cette année ont atteint des niveaux vraiment impressionnants dans le domaine universitaire.
Au moins trois de ces athlètes ont obtenu un doctorat : la Dre Julia Hanes, lanceuse en para-athlétisme, Keely Shaw, paracycliste et maintenant double médaillée de bronze aux Jeux paralympiques ainsi que Robert Shaw, un des dix meilleurs athlètes de tennis en fauteuil roulant.
Et d’autres sont en voie d’atteindre le même objectif. Il y a aussi des étudiantes et étudiants dans les domaines du génie mécanique, du droit, de la diffusion et plus encore.
« Il y a beaucoup de ressemblances en ce qui a trait au travail d’équipe à l’école et en athlétisme », a déclaré la Dre Hanes après avoir fini, plus tôt cette semaine, en huitième place au lancer du javelot en fauteuil roulant à ses premiers Jeux paralympiques. « Le dévouement requis pour ces deux activités est très similaire. Dans les deux, on s’efforce d’atteindre notre meilleur niveau de performance. »
Alors qu’elle s’épanouissait comme athlète de niveau international, la jeune femme de 29 ans étudiait aussi pour devenir médecin. Elle a obtenu son diplôme en médecine de l’Université d’Ottawa en 2022 avant d’entamer une résidence de cinq ans en médecine physique et en réadaptation de l’Université de la Colombie-Britannique.
« Je n’ai jamais vu un docteur ayant un handicap [pendant mon rétablissement] et je n’ai jamais vu quelqu’un qui me ressemblait. Je me suis dit que je pourrais faire balancer cela vers le positif. »
En 2023, Keely Shaw a obtenu son doctorat en philosophie (Ph. D.) de kinésiologie et des sciences de l’exercice à l’Université de la Saskatchewan. Elle avait auparavant obtenu sa maîtrise dans le même domaine en 2019 en conservant une moyenne de 88 pour cent.
Keely Shaw explique que de pratiquer des sports quand elle était encore aux études était aussi une excellente façon de canaliser son énergie dans d’autres directions et d’améliorer sa discipline personnelle.
« Les sports m’ont permis de m’éloigner de mon ordinateur », a-t-elle poursuivi. « Je ne pouvais pas m’asseoir et travailler pendant 12 heures par jour parce que je devais aller m’entraîner. Je devais bien me nourrir et dormir suffisamment pour atteindre mes objectifs athlétiques. Et en retour, cela a fait de moi une meilleure étudiante. »
Une joueuse vétérane du basketball en fauteuil roulant, Cindy Ouellet, de la ville de Québec, est actuellement inscrite au doctorat en génie biomédical à la University of Southern California de Los Angeles.
En même temps, elle entamera un nouveau doctorat en neuroscience à Québec.
« J’ai toujours aimé l’école », a déclaré Ouellet, 35 ans, à ses sixièmes Jeux paralympiques et ses cinquièmes au basketball en fauteuil roulant. « Que j’aie 40 ou 30 ans quand je finirai mon doctorat, cela ne me dérange pas vraiment. Je vais sûrement faire un postdoctorat pour poursuivre la recherche dans ce domaine. J’essaie de construire ma propre hanche artificielle et mon propre pelvis pour que je puisse les utiliser un jour. »
De jeunes para-athlètes comme la sprinteuse Bianca Borgella d’Ottawa et la lanceuse Katie Pegg d’Halifax font actuellement des études médicales à leurs universités respectives.
Pegg, 20 ans, étudie à la St. Mary’s University d’Halifax en biologie et en sciences judiciaires.
Borgella, 21 ans, étudie en sciences biomédicales et en neurologie à l’Université d’Ottawa alors qu’elle s’entraîne avec le club d’athlétisme des Lions d’Ottawa.
La sprinteuse ayant une déficience visuelle a remporté deux médailles aux Championnats du monde l’an dernier. Malheureusement, une blessure à la jambe lui a posé des problèmes tout l’été et l’a empêchée de participer à la finale du 100 m cette semaine aux Jeux paralympiques.
« Quand j’ai appris que ma déficience visuelle allait être permanente, j’ai voulu faire quelque chose à ce sujet », a dit Borgella. « Et si je trouvais un moyen de guérir ma déficience visuelle? Je me suis donné cet objectif en rencontrant d’autres personnes comme moi. »
Borgella explique que, pour atteindre son objectif, il faudra 11 années d’études. Quatre dans son programme actuel, quatre autres à l’école de médecine et trois années de spécialisation.
« J’aimerais avoir une vision 20/20, donc je me suis donné pour mission d’étudier l’œil et j’espère pouvoir aider les gens à conserver leur vision. Je sais que je vais étudier longtemps. »
Le paracycliste Alexandre Hayward, de Quispamsis (N.‑B.), et le coureur en fauteuil roulant Austin Smeenk, d’Oakville (Ontario), ont mis à profit leurs connaissances acquises en obtenant leurs diplômes en ingénierie pour leur sport.
Ayant récemment obtenu son diplôme en ingénierie de l’Université du Nouveau-Brunswick, Hayward a utilisé certaines de ces compétences afin de se préparer pour sa course aux médailles de vendredi dernier.
« J’ai agi comme un ingénieur », précise-t-il. « J’ai choisi un pneu arrière plus léger pour me donner un avantage de quelques secondes au départ, car c’est là que mon adversaire m’avait battu dans les qualifications. »
« Et ç’a fonctionné. »
Smeenk, qui possède un diplôme de génie électromécanique, explique qu’un fauteuil roulant construit adéquatement pourrait faire la différence entre un podium ou non.
« Je peux même construire mes propres pièces et demander de les faire produire », a ajouté Smeenk à la CBC. « Être capable de communiquer à un niveau technique au sujet des plus petits détails, quand ce sont ces détails que nous commençons à aborder en priorité, cela a joué un rôle déterminant. »
Il semble que de nombreux para-athlètes du Canada ont découvert la norme d’or en ce qui concerne l’établissement détaillé d’une carrière sur le terrain et ailleurs.