La recherche de l’aventure conduit le joueur de boccia Iulian Ciobanu au Canada
« Déménager ici a été le plus grand projet de ma vie. »
« Déménager ici a été le plus grand projet de ma vie. »
Quand il était étudiant à l’Université d’État de Moldavie, en Europe de l’Est, Iulian Ciobanu passait 30 minutes par jour à conquérir les escaliers sur cinq étages pour se rendre à ses cours.
Ayant reçu un diagnostic de dystrophie musculaire à 12 ans, le jeune étudiant en psychologie n’avait alors pas le choix pour réaliser ses rêves.
« Je me rendais à l’école à pied, il n’y avait pas de système de transport accessible et le bâtiment n’avait pas d’ascenseurs en état de marche », se souvient Ciobanu, aujourd’hui médaillé des Championnats du monde de boccia. « Je n’ai jamais pensé à abandonner. Je voulais aller à l’université. J’ai été résilient et j’ai accepté les conditions. »
Il a obtenu son diplôme et, peu de temps après, lui et sa femme ont fait des plans pour s’installer au Canada. Les temps étaient durs dans son pays d’origine, mais sa femme Corina était bien informée des possibilités qu’offrait le Canada puisque ses parents s’y trouvaient déjà.
Avant d’atterrir à Montréal, le couple a dû faire preuve de patience pendant le processus de déménagement à l’étranger, qui a duré près d’un an. Rendu à Montréal, Ciobanu a travaillé comme travailleur social dans une agence gouvernementale. Il aidait les gens à améliorer leurs chances de se trouver un emploi. Il avait acquis une expérience précieuse sur le terrain en Moldavie.
« Quand je suis arrivé au Canada, je voulais avoir une famille et vivre dans un endroit où nous serions libres et où je serais libre de m’occuper d’elle », raconte-t-il. « Je voulais vivre dans un pays où mon handicap ne serait pas un fardeau. »
« En Moldavie, j’ai appris à faire preuve d’ingéniosité dans mon travail et je savais comment trouver de l’information quand j’en avais besoin. Quand on s’installe dans un nouveau pays, il suffit d’avoir l’information, puis la motivation. Il fallait juste le faire. Et j’y suis parvenu. »
Depuis son installation au Canada, le couple a eu deux filles : Alexandra née en 2014 et Eleonora en 2016.
Le désir d’aventure est enraciné chez Ciobanu, qui a fêté ses 40 ans cette année. Né à Chisinau, la capitale de la Moldavie, Ciobanu n’a jamais renoncé à ses ambitions malgré une maladie débilitante.
La dystrophie musculaire est un groupe de maladies génétiques qui provoquent une faiblesse et une dégénérescence progressives des muscles squelettiques. Toutes les formes de DM s’aggravent avec le temps, à mesure que les muscles dégénèrent et s’affaiblissent. Ciobanu se déplace désormais en fauteuil roulant.
« J’ai toujours été un enfant curieux », dit-il. « J’étais à la recherche de nouvelles aventures et c’est dans ma nature de voyager. Quelque chose en moi m’a toujours poussé à m’éloigner de la maison. Je n’ai pas hésité à accepter quand ma femme m’a proposé le Canada, même si je ne connaissais pas grand-chose de ce pays. »
« Déménager a été le plus grand projet de ma vie. »
Cette résilience et cette détermination sont probablement quelques-unes des qualités qui ont impressionné Cesar Nicolai, l’entraîneur-chef de l’équipe nationale canadienne, quand il a rencontré Ciobanu pour la première fois à l’occasion d’une conférence de Dystrophie musculaire Canada en 2014, à Montréal.
Parmi les nombreuses activités de cette conférence, il y a eu une présentation sur la boccia. Ciobanu n’avait aucune idée de ce que c’était. Mais une fois de plus, sa curiosité a pris le dessus.
« Les choses sont devenues de plus en plus sérieuses au fil du temps », explique l’athlète dont la langue première est le roumain. « Nicolai a beaucoup insisté et a estimé que j’avais beaucoup de potentiel et que nous avions besoin de plus de joueurs BC4 au Canada. Marco Dispaltro (médaillé des Jeux paralympiques) est la personne qui m’a initié à la compétition et qui a été un mentor sur le terrain et ailleurs. »
Ciobanu a fait ses débuts aux Jeux paralympiques de 2016 quand il s’est classé sixième à l’épreuve individuelle, puis il a participé à Tokyo 2020. Après une performance médiocre à ces Jeux, lui et Alison Levine sont entrés dans l’histoire en remportant la médaille de bronze à l’épreuve en paire BC4, une première pour le Canada, aux Championnats du monde de 2022.
« Quand j’y repense, je me rends compte que j’avais probablement ce potentiel d’athlète quand je résistais à la douleur en montant mes cinq étages. »
« Ce sont des souvenirs que je n’oublierai jamais. »