Pour Brianna Hennessy, la solution vient du sport

Comité paralympique canadien

23 août, 2023

La pagayeuse d’Ottawa parmi les favorites pour remporter une médaille à Paris 2024

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TORONTO – En 2014, Brianna Hennessy a été renversée par un chauffeur de taxi qui faisait de l’excès de vitesse à Toronto. Elle a reçu un diagnostic de tétraplégie et vit toujours avec des douleurs chroniques.

Quand ce sera le 10e anniversaire de cet accident, elle s’en souviendra peut-être avec une médaille paralympique autour du cou.

La définition du pouvoir du sport ainsi que le terme « Fighting Irish » (combattante irlandaise) pourraient être accompagnés d’une photo de Hennessy.

« Être athlète est la partie la plus importante de mon identité, depuis toujours », a déclaré Hennessy plus tôt cette année au Sommet sur le contenu du Comité paralympique canadien, à Toronto. « Quand j’ai eu mon accident, tout cela m’a été arraché.»

Avant la tragédie de la rue King Ouest, Hennessy, originaire d’Ottawa, était une athlète multisports qui avait été élevée par deux parents sportifs qui ont passé plus d’une décennie chacun·e à jouer au football à un haut niveau. 

 

 

Sur son palmarès, on trouve le hockey AA, le hockey-balle au niveau national, le rugby féminin aux niveaux provincial et national, le titre de championne de boxe provinciale de l’Ontario et huit ans de soccer de compétition.

Pendant les deux années qui ont suivi son accident, Hennessy s’est efforcée de comprendre comment sa vie avait basculé en un clin d’œil. Mais comme c’était le cas avant 2014, la solution pour récupérer se trouvait sur le terrain de jeu. Et avec une structure athlétique toujours présente dans les gènes et dans les veines, Hennessy a rapidement maîtrisé les parasports.

« Quand j’ai commencé à pratiquer le rugby en fauteuil roulant (son premier parasport), c’est pour ça que je suis si émue, car c’est la seule fois où je me suis sentie de nouveau vivante », raconte Hennessy, qui a également connu du succès ailleurs que sur l’eau et le terrain comme directrice de la souscription à la Banque de développement du Canada.

« Je retrouvais une partie de moi-même. Et dès que je me suis assise dans le fauteuil, j’ai regretté d’avoir attendu pendant deux ans et demi. Ce qui importe le plus pour moi avec le parasport, c’est de sentir que j’ai de nouveau une raison d’être. »

C’est Patrice Dagenais, joueur de rugby en fauteuil roulant de l’équipe nationale, également originaire de la région d’Ottawa, qui a orienté Hennessy vers le paracanoë comme option d’entraînement pendant la pandémie. Ce sport est rapidement devenu son sport principal, même si elle joue toujours au rugby en fauteuil roulant dans une ligue américaine et a fait partie de la première équipe nationale féminine qui a disputé un tournoi l’hiver dernier en France.
 
« LA COVID a frappé et tous les sports d’équipe se sont arrêtés, si bien que les Jeux paralympiques de Tokyo ont été reportés d’un an », se souvient-elle. « Je n’avais jamais pratiqué de sports de pagaie. Je n’avais jamais rien fait sur l’eau. Et j’ai dit : “D’accord, je vais essayer”. Je me suis donc rendue au Ottawa River Canoe Club et je me suis présentée sur le pas de la porte de l’entraîneur, Joel Hazzan. Et je lui ai dit que je voulais essayer. Nous nous sommes tout de suite bien entendu·e·s, parce que je n’y vais pas par quatre chemins. Lui non plus. »

Les capacités athlétiques naturelles de Hennessy ont de nouveau passé à la vitesse supérieure. 

« Nous avons fait quelques sorties, puis nous avons discuté et il m’a demandé quels étaient mes objectifs. Je lui ai répondu que j’aimerais bien participer aux Jeux paralympiques. Que j’aimerais aller à Tokyo. Il s’est contenté de ricaner en répondant qu’il ne faisait pas de miracles. Et donc, nous nous sommes dit que nous pouvions commencer le processus et que nous pourrions peut-être nous rendre à Paris (aux Jeux de 2024). »

Il ne lui a pas fallu tant de temps. À l’été 2021, elle faisait partie de sa première équipe paralympique. 

Aux Jeux de Tokyo, Hennessy a fait des débuts impressionnants aux Jeux paralympiques en terminant cinquième et huitième. Un an plus tard, elle montait sur le podium aux Championnats du monde qui avaient lieu à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Elle a remporté l’argent à l’épreuve de 200 mètres VL2 (canoë à balancier) et le bronze à l’épreuve de 200 mètres KL2 (kayak).

Cette semaine aux Championnats du monde de 2023 à Duisbourg, en Allemagne, Hennessy est en quête de nouvelles médailles et de billets pour l’équipe aux Jeux paralympiques. Il s’agira d’un indicateur important de sa position à l’approche de Paris 2024. 

Hennessy, 38 ans, ne se contente pas de résultats. Elle dépasse la sphère de la compétition et est devenue une véritable pionnière.

« Quand j’ai commencé, j’ai pensé que j’allais inspirer d’autres personnes ayant un handicap », raconte-t-elle. « Mais on me dit que j’inspire aussi les personnes n’en ayant pas. » 

« Là où je m’entraîne, il y a toujours des camps d’été et tous les vendredis, on y organisent un “Girls Talk”, une séance entre filles. »

« Ce qui est vraiment bien, c’est qu’elles voient une personne qui est une femme, dans un fauteuil, et qu’elles se rendent compte qu’elles peuvent être fortes elles aussi. »