Sonja Gaudet : une pionnière
Triple médaillée d’or en curling en fauteuil roulant, elle est intronisée au Temple de la renommée paralympique canadienne
VERNON (Colombie-Britannique) – Quand Sonja Gaudet, joueuse de curling en fauteuil roulant, regarde ses trois médailles d’or remportées aux Jeux paralympiques d’hiver de 2006, de 2010 et de 2014, elle réalise que leur importance ne se limite pas aux victoires.
« Gagner des médailles, c’est formidable, mais pour moi, ce qui compte, c’est ce qu’elles représentent », raconte cette membre du Temple de la renommée paralympique canadienne, intronisée en 2025.
« Il s’agit de favoriser l’égalité, l’inclusion et un monde sans obstacle pour tout le monde. Il s’agit d’éliminer les préjugés et de comprendre que toutes les personnes, quelles que soient leurs capacités, peuvent réaliser pleinement leur potentiel. »
Gaudet n’aurait probablement jamais pensé qu’un sport deviendrait sa force et sa raison d’être avant son accident. Mère de deux enfants, elle a en 1997 fait une chute à cheval qui l’a rendue paraplégique.
Elle a découvert le curling en fauteuil roulant par hasard. On a sollicité son avis au sujet de la rénovation des toilettes accessibles aux fauteuils roulants au club de curling local. On a entrepris ces travaux de rénovation pour accueillir un stage de curling en fauteuil roulant pour novices et on lui a demandé d’y participer.
« Après mon accident, le sport m’a permis de retrouver ma force et ma résilience », confie Gaudet, également intronisée au Temple de la renommée de Curling Canada (2013), au Panthéon des sports canadiens (2020) et au Temple de la renommée des sports de la Colombie-Britannique (2020).
« Le parasport m’a permis d’être moi-même sur le terrain. Il m’a donné un sentiment d’appartenance. »
Au début des années 2000, le curling en fauteuil roulant était encore un concept méconnu, mais il ne faisait aucun doute que ce sport avait un attrait considérable pour les personnes en situation de handicap.
« Le curling est intéressant parce que l’on peut commencer à jouer dans un club local, avec sa famille et son entourage », explique Gaudet, porte-drapeau du Canada à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi 2014. « On n’a pas besoin de se procurer beaucoup d’équipement. C’est un sport inclusif, abordable et qui sollicite autant l’esprit que le corps. »
Les premiers Championnats du monde ont eu lieu en 2002, et ce sport a fait son entrée aux Jeux paralympiques d’hiver de 2006 à Turin. Gaudet a joué comme première joueuse et est la seule athlète à avoir fait partie des trois équipes qui ont remporté les trois premières médailles d’or consécutives aux Jeux.
« Quand j’y repense, les premiers Jeux ont été impressionnants », raconte-t-elle. « Nous avons contribué à établir les normes du sport. On ne le réalise pas sur le coup, mais plus tard, on se demande s’il est possible de revivre ce genre d’expérience. »
Mais même si les Jeux de Turin ont révolutionné le sport, le souvenir préféré de Gaudet concerne évidemment Vancouver 2010, non seulement parce que les Jeux se déroulaient à domicile, mais aussi dans sa province natale.
« C’était le plus beau moment pour moi », avoue-t-elle « J’ai grandi sur la rive nord de Vancouver et c’était donc simplement exceptionnel d’avoir ma famille dans les gradins et d’être si près de chez moi. »
À l’exception de Gaudet, l’équipe de 2010 était complètement différente de celle des Jeux de 2006 à Turin.
« Nous avions une équipe extraordinaire cette année-là », se souvient Gaudet, qui jouait aux côtés de Jim Armstrong, de Darryl Neighbour, d’Ina Forrest et de Bruno Yizek. « Chaque personne mettait à contribution ses connaissances, son expérience et sa confiance. La dynamique d’équipe a fait toute la différence. »
Le parasport a fait découvrir à Gaudet une nouvelle réalité qu’elle a également adoptée dans sa carrière professionnelle. Depuis 2018, elle travaille comme agente de liaison régionale en matière d’accès et d’inclusion auprès de l’association touristique de Thompson Okanagan et de Spinal Cord Injury BC.
« Ma carrière sportive a sans aucun doute inspiré cette passion », estime Gaudet, qui a officiellement pris en 2017 sa retraite sportive, après 13 ans au sein de l’équipe nationale.
« Aujourd’hui, je m’efforce de faire en sorte que tout le monde se sente bien accueilli, sur la glace et ailleurs. »
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