50 ans de Jeux paralympiques d’hiver: La présence brève, mais marquante, de John Gow aux Jeux

Comité paralympique canadien

09 avril, 2025

Gow est décédé l’année dernière en laissant un héritage dans le sport et dans sa communauté

La carrière de John Gow aux Jeux paralympiques a duré à peine une minute et 36,13 secondes. C’est le temps qu’il lui a fallu pour remporter l’épreuve de slalom IV masculin en ski alpin à laquelle avaient pris part six concurrents, lors des tout premiers Jeux paralympiques d’hiver, qui avaient eu lieu à Ornskoldsvik, en Suède, du 21 au 28 février 1976.

Lorsque les 600 athlètes représentant 46 pays participeront aux Jeux de Milan Cortina 2026, cela fera 50 ans qu’un groupe de 196 athlètes de 16 pays ont lancé la version hivernale des Jeux paralympiques.

L’automne dernier, le 8 octobre 2024, Gow est décédé à l’ombre de ses bien-aimées Rocheuses, à Canmore, en Alberta, à l’âge de 78 ans. On pouvait lire ce qui suit dans sa nécrologie : « son amour pour les montagnes était une véritable passion. Il a partagé son expertise avec un enthousiasme débordant et une grande générosité, laissant une marque indélébile sur l’industrie du ski dans l’Ouest canadien. »

Si le passage de Gow dans l’histoire paralympique a été bref, son histoire personnelle trouve un écho dans l’esprit des Jeux. Gow a triomphé de l’adversité. Il a surmonté des défis physiques pour poursuivre ses rêves sportifs et professionnels.

Il était une vedette dans sa communauté, mais ce n’est pas pour son triomphe paralympique.

En fait, dans une entrevue d’une heure qu’il a accordée en 2023 et qui est encore disponible sur YouTube, sa victoire en Suède n’a été mentionnée qu’aux dernières secondes. À l’époque, en 1976, les Jeux paralympiques, ceux d’hiver comme ceux d’été, n’étaient encore qu’à leurs balbutiements. Le nom officiel donné aux Jeux d’hiver de 1976 était les « Jeux olympiques d’hiver pour handicapés ».

Dès son plus jeune âge, Gow nourrissait une passion pour les montagnes. Son grand-père, Tex Vernon-Wood, était un guide et un porteur, qui travaillait dans les environs d’Assiniboine et des lacs Spray dans les années 1920 et 1930. Il était fasciné par les récits de sa mère au sujet du père de celle-ci.

Son père, un agent de la GRC, était en poste à Ottawa lorsque Gow et ses trois frères et sœurs grandissaient. À 17 ans, Gow décroche son premier emploi dans le milieu du ski en tant qu’opérateur de remonte-pente à Lake Louise. Peu après, il travaille au Sunshine Village comme guide de montagne certifié, avant de cofonder High Horizons Mountaineering.

Toutefois, sa vie a changé le 10 avril 1969 ; il était alors âgé de 22 ans. Il était passager d’un petit avion (Cessna 140) qui s’est écrasé dans la chaîne Purcell près de Golden, en Colombie-Britannique. Le pilote et ami de Gow, Bernard Royle, 23 ans, seul autre occupant de l’avion, a été tué. Gow a subi de graves blessures au visage, mais il a survécu cinq jours et a parcouru près de 25 kilomètres dans des conditions arctiques avant d’être secouru.

« Je devais m’en aller; je voulais vivre », a déclaré Gow dans un article paru en première page du Calgary Herald, le 16 avril 1969. « Vous savez, j’ai même essayé de manger des feuilles pour rester en vie, mais elles n’ont fait que me rendre malade. »

Il a eu des engelures aux jambes, et il a dû être amputé des deux pieds peu de temps après.

Dans un article paru le 23 mai 1969 dans l’Ottawa Journal, on peut lire ceci : « Cet ancien élève de l’école secondaire Ashbury n’a pas l’intention d’abandonner les montagnes ou les pistes de ski qu’il connaît si bien. Il parle déjà de rééducation et il s’équipera bientôt d’une paire de chaussures orthopédiques spéciales pour l’aider à réaliser ses ambitions. »

D’ici 1974, Gow était l’un des pionniers canadiens dans le parasport. Il a concouru aux premiers championnats du monde de paraski alpin en 1974 où il a récolté plusieurs médailles. Deux ans plus tard, il inscrivait son historique victoire en Suède.
« Aux mondiaux, en France, l’entraîneur français a remis ma participation en question en disant que je n’étais pas amputé », se remémore Gow dans l’entrevue sur YouTube. « J’ai dû me rendre à une réunion, remonter mon pantalon pour montrer que j’étais bien un amputé, et l’entraîneur français (peu impressionné) a dit “Bien sûr qu’il est amputé.” »

Après sa carrière compétitive, Gow a continué à travailler dans des stations de ski et s’est activement impliqué dans sa communauté. Parmi les nombreuses fonctions qu’il a occupées, mentionnons qu’il a été président de l’Association des guides de montagne canadiens (1972–1979) et président du Conseil consultatif national de la condition physique et du sport amateur (1980–1983). Il a également été propriétaire et président de Silver Star Mountain Resort, a siégé comme administrateur de Tourisme Colombie-Britannique (1997–1999) et comme président de l’Association de l’industrie touristique du Canada (1991–1998).

Le Canada a présenté une équipe de six membres (cinq hommes et une femme) aux premiers Jeux paralympiques d’hiver. Lorna Manzer, diplômée en éducation physique au Mount Royal College à Calgary, a remporté les trois autres médailles du Canada à ces Jeux, soit une médaille d’or en ski de fond et deux médailles de bronze en ski alpin. Les skieurs alpins Rod Blackie, Gerry Butterfield, Don McGregor et Brent Munroe faisaient également partie de l’équipe canadienne.

For Gow, ces Jeux ont été un tremplin vers de nombreux sommets.