La machine à marquer du Canada, Zak Madell, met fin à une carrière exceptionnelle
Le quadruple paralympien se prépare pour un nouveau chapitre
Zak Madell, le prolifique marqueur du Canada en rugby en fauteuil roulant, a annoncé, dimanche, qu’il prenait sa retraite après une carrière de 13 ans au sein de l’équipe nationale au cours de laquelle il a pris part à quatre Jeux paralympiques.
Connu pour sa vitesse fulgurante, ses manœuvres audacieuses et son endurance remarquable, Madell a constamment dérouté ses adversaires et exalté ses partisans.
Dès ses débuts sur la scène internationale, Madell s’est révélé comme l’un des plus grands de son sport. Aux Jeux paralympiques de Paris, l’année dernière, soit sa dernière compétition, Madell était au sommet de son art, terminant au deuxième rang des marqueurs du tournoi avec 148 essais (29,6 points par match) et à égalité pour la deuxième place au chapitre des interceptions.
Même s’il dominait encore le sport à l’âge de 31 ans, Madell savait que le temps était venu de tourner la page.
« J’ai senti que je n’étais plus aussi impliqué dans le jeu ou aussi passionné que je l’avais été », a-t-il confié à Rugby en fauteuil roulant Canada. « Je pense que c’est le signe que son temps est écoulé… C’est le moment de passer le flambeau à quelqu’un qui a faim et qui est prêt. »
D’après Patrick Côté, qui a été l’entraîneur-chef du Canada de 2016 à 2024, Madell a révolutionné le sport.
« Lorsque Zak a commencé, le jeu était beaucoup plus lent », a-t-il indiqué à Rugby en fauteuil roulant Canada. « Les joueurs comme lui ont rehaussé le niveau physique. Ils ont fait évoluer le jeu. »
« Zak est l’un des meilleurs êtres humains que j’ai rencontrés dans ma vie », a déclaré Côté. « Il a toujours eu à cœur le bien-être de ses coéquipiers et de tous ceux qui l’entourent. C’est un athlète phénoménal, mais une personne encore meilleure ! »
L’importance de Madell au sein d’Équipe Canada va bien au-delà de ses qualités athlétiques. Il était connu comme un leader hors pair sur le terrain, agissant comme un mentor auprès des athlètes, tout en faisant preuve de bienveillance et d’humilité.
« Zak a toujours voulu faire les choses en équipe », a déclaré son coéquipier Joel Ewert, qui a joué à ses côtés aux Jeux paralympiques de 2024 à Paris. « Il nous a vraiment encouragés à profiter de l’occasion qui nous était donnée de voyager, d’explorer le monde, et de le faire ensemble. C’est quelque chose dont je me souviendrai toujours. »
Madell a également fait sourire ses coéquipiers avec ses coiffures et sa barbe distinctives d’avant-tournoi, ainsi qu’avec sa collection de chapeaux et de lunettes excentriques.
En grandissant à Okotoks, en Alberta, Madell a pratiqué différents sports. Toutefois, à l’âge de 10 ans, il a été atteint d’une maladie qui a changé sa vie à tout jamais. On lui a diagnostiqué une septicémie, et les médecins ont dû lui amputer les doigts et les jambes.
Après sa convalescence, Madell a pratiqué le parahockey sur glace, mais il était incapable de tenir le bâton assez bien pour devenir un joueur de haut niveau.
Ensuite, il a découvert le basketball en fauteuil roulant, qui correspondait à sa nature compétitive et à son amour de la vitesse. En dernier lieu, il a été recruté pour jouer au rugby en fauteuil roulant en 2011 et il a connu une ascension météorique dans ce sport.
À l’âge de 17 ans, il a fait ses débuts dans l’équipe nationale canadienne au tournoi de qualification de la zone des Amériques en 2011, et un an plus tard, il faisait partie de la formation canadienne qui a été médaillée d’argent aux Jeux paralympiques de 2012 à Londres.
Les entraîneurs pensaient donner à Madell un temps de jeu limité à Londres. Mais ses performances ont constamment dépassé les attentes, et il a fait face à la pression des Paralympiques comme un vétéran établi. Il a mené l’équipe au chapitre des points avec 68 essais (13,4 points par match) et il a pris le septième rang au classement général.
Il a également terminé premier au classement des marqueurs aux Jeux de Rio 2016 (34,6 points par match) et deuxième aux Jeux de Tokyo (26,3 points par match).
L’un des plus grands honneurs qu’il a reçus a été sa nomination comme porte-drapeau d’Équipe Canada à la cérémonie de clôture des Jeux parapanaméricains de Toronto 2015, après avoir mené l’équipe vers sa première médaille d’or en 13 ans.
Même s’il raccroche son chandail, Madell s’est empressé de remercier les nombreuses personnes qui ont contribué à façonner sa carrière en rugby en fauteuil roulant.
« Merci à tous ceux qui ont participé à ce voyage — famille, amis, coéquipiers. J’ai manqué des anniversaires, des mariages, des naissances d’enfants. Nous devons être un peu égoïstes en tant qu’athlètes de haut niveau. Mais maintenant, j’ai hâte d’être plus présent pour ces événements de la vie. »
Pendant qu’il était dans l’équipe nationale, Madell a obtenu un diplôme en technologie de l’architecture à la Southern Alberta Institute of Technology. En 2023, il a obtenu une certification auprès de Talk Master et a commencé à travailler comme conférencier.
« Je sens que j’ai une histoire qui vaut la peine d’être partagée », a indiqué Madell au Calgary Journal en décembre dernier. « C’est un bon défi d’essayer de sortir de sa zone de confort. Je sens que si nous restons toujours dans notre confort, nous ne vivons pas, nous ne faisons qu’exister. »
Madell se concentre aujourd’hui à rendre la vie des autres meilleure et fait la promotion de l’accessibilité au Canada. Avec son diplôme en technologie de l’accessibilité, il espère aider à façonner un environnement bâti beaucoup plus inclusif.
« Je pense que c’est en partie pour cela que je me suis orienté vers l’architecture, j’ai une passion pour cette discipline. Au Canada, nous avons la chance que l’accessibilité soit bien plus avancée que dans beaucoup d’autres pays du monde.
Mais je pense qu’il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir, car la sensibilisation à l’accessibilité et son accroissement profitent à tout le monde. »
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