Le mot inspiration a fait bien du chemin dans le parasport
Aujourd’hui, les paralympien·ne·s acceptent beaucoup plus le fait qu’elles et ils sont une « source d’inspiration »
TORONTO – Billy Bridges, sextuple paralympien en para-hockey sur glace, se rappelle l’époque où les para-athlètes levaient les yeux au ciel lorsque le public les considérait comme une source d’inspiration parce qu’il les voyait utiliser un fauteuil roulant ou porter une prothèse avec leur veste d’Équipe Canada.
En fait, toute personne assez âgée se souvient que même dans les cercles paralympiques, c’était LE mot à éviter autour des athlètes.
Cependant, à l’ère de l’information, et grâce aux messages forts des Jeux de Londres 2012 et à la visibilité accrue des athlètes paralympiques au cours des dernières années, le public est beaucoup mieux informé aujourd’hui sur le parasport et sur le fait que les paralympien·ne·s sont des athlètes d’élite. Ce mot est donc utilisé avec beaucoup plus de sincérité.
« Avant, je trouvais ça offensant parce que le public n’avait pas accès à moi comme athlète », a indiqué Bridges plus tôt cette année lors d’une conversation au coin du feu avec Scott Russell, animateur à CBC, en marge de la Coupe ParaForts. « Aujourd’hui, une simple recherche sur Google permet de voir que Renée (Foessel) est détentrice de record du monde. Aujourd’hui, cela vient davantage du cœur. »
D’après la légende de la course en fauteuil roulant Jeff Adams, qui compte 13 médailles paralympiques à son palmarès, y compris trois d’or, les Jeux de Londres 2012 ont changé la donne pour le Mouvement paralympique. Au Royaume-Uni, le diffuseur hôte a traité les Jeux paralympiques sur un pied d’égalité avec son pendant olympique, avec une couverture exhaustive qui a mis de multiples athlètes sous les feux des projecteurs. On a même montré le côté plus léger des para-athlètes avec la diffusion de grandes productions publicitaires dans le monde entier au cours de la période précédant les Jeux.
« Londres 2012 a été un moment charnière : la discussion a vraiment évolué de façon à mettre le handicap au centre des conversations », ajoute Adams.
Pour les plus jeunes athlètes de l’équipe nationale, comme le joueur de para-hockey sur glace Dom Cozzolino et le joueur de volleyball assis Nasif Chowdhury, ce n’est pas un gros problème. Ils espèrent seulement que c’est justifié par leurs qualités athlétiques et leur travail en tant qu’athlètes de haute performance.
« Je veux être considéré comme une source d’inspiration parce que j’ai fait un beau jeu sur la glace et non parce que je pratique un sport, alors que j’ai un handicap », explique Cozzolino. « Nous pouvons être une source d’inspiration pour une personne qui traverse des moments difficiles, qui passe une mauvaise journée ou un·e jeune qui, ayant un handicap depuis peu, découvre le sport pour la première fois. »
Chowdhury pour sa part est heureux d’être considéré de la même manière que ses héros et héroïnes paralympiques.
« Je serais très honoré que quelqu’un me voie de la même façon », dit-il. « [Le joueur de basketball en fauteuil roulant] Bo Hedges a été retranché huit fois de l’équipe nationale avant de finalement obtenir sa place. Il a participé pendant des années à des essais avant d’avoir la chance de jouer. C’est son acharnement au travail que j’admire avant tout chez lui. Si quelqu’un me considère de la même manière, pour moi, il s’agit d’un énorme compliment. »
Les para-athlètes se sont peut-être rendu compte que le monde d’aujourd’hui a plus que jamais besoin d’inspiration.