Allison Lang a pris sa vie en main
« Je tirais mes bas de soccer jusqu’à ce qu’ils recouvrent mes genoux. »
Tout comme les étoiles, la lune et le soleil, Allison Lang est un astre qui brille.
Elle est membre de l’équipe canadienne féminine de volleyball assis qui a remporté une historique médaille de bronze à Paris l’année dernière. Elle est également un modèle (au sens propre comme au sens figuré), une défenseuse des droits des personnes en situation de handicap et une influenceuse sur les médias sociaux.
À 31 ans, cette travailleuse acharnée originaire d’Edmonton, maintenant établie à Montréal, a surmonté bien des difficultés dans sa vie — des difficultés symptomatiques de la société d’aujourd’hui.
Elle a été intimidée et humiliée à cause de son apparence corporelle. Elle s’est également sentie rejetée en raison de son handicap.
Trouver la paix dans sa vie a été une tâche ardue.
« C’est à 26 ans que le déclic s’est produit », a indiqué Lang, dans une entrevue donnée au CPC lors de la célébration d’Équipe Canada pour les paralympiens et les olympiens, qui a eu lieu le mois dernier à Ottawa. « Oui, ça m’a pris beaucoup de temps, mais j’ai finalement appris à aimer mon corps. »
« C’est vraiment malheureux, parce que c’est ce qu’on devrait nous apprendre dès la naissance, au lieu de nous apprendre les choses que nous devrions détester à propos de notre corps. Personne n’est pareil, chacun de nous est unique, et nous devrions chérir cela au lieu de toujours lutter contre ce que ça nous empêche de faire. »
Lang est née sans la moitié de sa jambe gauche et c’est ce qui a causé cette insécurité qu’elle a ressentie pendant sa jeunesse. Elle a atteint son paroxysme pendant son adolescence à Edmonton où l’intimidation qu’elle subissait avait pris une telle ampleur qu’elle avait dû changer d’école.
« L’intimidation m’a vraiment fragilisée », explique Lang, d’une voix ferme. « J’ai essayé de l’intérioriser, car je ne voulais pas dénoncer les élèves, et à cause de cela, je me suis sentie encore plus seule. »
« J’étais dans le déni quant à mon handicap, et cela a vraiment affecté mon estime de moi. Pendant longtemps, j’ai essayé, de façon obsessionnelle, de cacher ma jambe prothétique. Je tirais mes bas de soccer, jusqu’à ce qu’ils recouvrent mes genoux. »
Puis un jour, Lang a pris la décision d’assumer ce qui fait sa différence.
« J’ai fini par prendre un couteau pour découper la couverture de ma prothèse en disant que si je voulais être moi-même et vivre de manière authentique, je devais m’accepter avec ma prothèse en métal », se souvient-elle.
« Ça a été le tournant pour moi, parce que je n’ai jamais regardé en arrière. Je n’ai jamais remis une couverture sur ma prothèse. J’ai commencé à défendre les droits des personnes ayant un handicap sur le Web en racontant mon histoire, en dévoilant ma vulnérabilité et mes problèmes d’image corporelle. »
« Cela m’a permis de me rapprocher d’un nombre incalculable de personnes, en ligne et hors ligne. »
Lang, qui a toujours fait du sport, dit que c’est ce qui l’a aidée à surmonter ses différences perçues. Grâce à ses habiletés sportives naturelles, elle excellait sur le terrain de jeu. Cependant, au début, elle était hésitante à propos du parasport.
« Lorsqu’on m’a invitée à jouer au volleyball assis, j’étais plus bas que terre », poursuit-elle. « Mais je suis tombée en amour avec ce sport. En revanche, je n’étais pas très bonne lorsque j’ai commencé il y a huit ans. »
Comme Lang, la plupart des joueurs de volleyball assis sont amputés de la jambe, et elle s’est ainsi jointe à une communauté où elle était soutenue, en dehors de sa famille.
« Je suis entrée dans la pièce et pour la première fois de ma vie, j’étais entourée de femmes influentes et puissantes, qui symbolisaient tout ce que je voulais être. »
« Chacune avait un vécu différent, fait de résilience. Et aujourd’hui, elles ne sont pas seulement mes coéquipières, elles sont aussi mes amies. Elles m’ont aidée à sortir du trou où je m’étais enfoncée. Je leur en serai à jamais reconnaissante. »
En dehors du terrain de jeu, Lang se consacre à de nombreux centres d’intérêt et projets. Elle travaille comme mannequin pour plusieurs entreprises, et elle est une influenceuse et une défenseuse des droits des personnes en situation de handicap sur les réseaux sociaux, où elle partage régulièrement les enjeux qui ont une incidence sur sa vie.
« Le mannequinat m’a donné l’occasion de montrer mon handicap, sans en faire un point de mire », ajoute-t-elle. « Si je peux aider au moins une personne à se sentir à l’aise dans ses vêtements, alors j’aurais fait mon travail. J’ai de la chance de travailler avec des marques extraordinaires. »
Par l’entremise de son site Web et de ses réseaux sociaux, Lang communique son message à un public grandissant.
« Le monde devient de plus en plus inclusif et accueillant », ajoute-t-elle. « En utilisant ma plateforme de façon positive, j’ai établi des liens avec des gens de partout dans le monde qui partagent ma mission et mon histoire. »
Après le succès de l’équipe à Paris, Lang est déjà en train de se préparer pour les Jeux paralympiques de 2028 à Los Angeles.
« Un état d’esprit positif est un choix. Je ne veux plus vivre une vie de regrets. »