La rondelle s’arrête ici ! L’arme secrète du Canada en parahockey sur glace  

Louis Daignault
18 décembre, 2025

La profondeur et la collaboration, la clé vers l’excellence devant les buts

CALGARY — Dans les discussions à propos de l’équipe canadienne de parahockey sur glace, les attaquants Tyler McGregor, Dominic Cozzolino et Liam Hickey, ainsi que le légendaire Greg Westlake, sont les noms qui reviennent le plus souvent. Même le défenseur Tyrone Henry reçoit sa juste part de la lumière des projecteurs en raison de son génie défensif.

Mais le véritable pilier de l’équipe est le trio de gardiens de but composé de Corbin Watson, d’Adam Kingsmill et de Jean-François Huneault.

« Avoir trois excellents gardiens de but, c’est une bénédiction et un bonus pour Équipe Canada », déclare l’entraîneur-chef Boris Rybalka. « Ils ont un dénominateur commun, et c’est l’équipe avant tout. »

Grâce à ce trio tout en puissance, le Canada peut se vanter d’avoir le bassin de gardiens de but le plus profond et le plus coopératif du parahockey international. Cependant, tout comme les arbitres, si on ne parle pas des gardiens, cela signifie qu’ils font du bon travail.

De plus, dans les cercles de hockey, tout le monde sait qu’en général les gardiens de but sont d’étranges personnages. La seule règle, c’est qu’il ne faut pas les déranger lorsque tout va bien.

Hélas, il y a quelques mois, lors de la journée médiatique de Hockey Canada, la fraternité des gardiens de but du parahockey canadien a été jetée en pâture et soumise à diverses intrusions, dissections et analyses. Fort heureusement, il semble que les dégâts ont été limités puisque les gardiens de but du Canada ont continué à briller aux récents tournois.

Plus tôt ce mois-ci, à la Coupe de parahockey qui a eu lieu à Dawson Creek, en Colombie-Britannique et qui a réuni les quatre meilleurs pays au monde, le Canada n’a encaissé que six buts en cinq matchs et décroché la médaille d’argent.

Les trois gardiens de but ont joué dans le tournoi. Kingsmill et Watson ont chacun affronté une fois les Américains, champions paralympiques et champions du monde en titre, tandis que Huneault a gardé les buts en préliminaire, lors de la victoire du Canada par 3-1 contre la Tchéquie, médaillée de bronze au Championnat du monde.

Les trois joueurs avaient commencé par jouer au hockey debout. À 38 ans, Watson est le plus expérimenté du trio. Il avait participé aux Jeux paralympiques de 2014 et 2018 et récolté le bronze et l’argent. Cependant, il s’est retiré du sport pendant quelques saisons et a raté les Jeux de Beijing 2022 avant de faire un retour.

Né à Kingsville, en Ontario, Watson avait presque atteint le niveau junior B avant de perdre une jambe dans un accident d’automobile en 2006. Encouragé par un ancien joueur de l’équipe nationale, il s’est essayé au parahockey sur glace et il a redécouvert le sport depuis l’enceinte de gardien de but.

« Le plus important, c’est de s’habituer à une nouvelle façon de bouger », explique Watson, dont les héros sont les gardiens de but Martin Brodeur et Miikka Kiprusoff. « On passe de l’utilisation de ses jambes à la nécessité de maîtriser une luge. Une fois qu’on a compris cela, tout le reste se met en place. »

Rybalka souligne que la vaste expérience de Watson profite à toute l’équipe.

« Il est calme », dit Rybalka. « Rien ne l’ébranle. C’est également un grand leader et, pour lui, tout tourne autour de l’équipe. »

Kingsmill, originaire de Smithers, en Colombie-Britannique, a chaussé pour la première fois ses patins à l’âge de deux ans, quelques mois seulement après avoir subi l’amputation

d’une jambe. Les gardiens de but sont légion dans sa famille, et la transition vers le parahockey sur glace s’est faite en douceur.

« Se déplacer tout en gardant les mains dans les airs est un défi de taille aujourd’hui », explique Kingsmill, qui dit que Roberto Luongo a eu une influence énorme sur lui. « À l’heure actuelle, il y a des joueurs phénoménaux dans le monde, et ils ne font que s’améliorer pour ce qui est de lancer la rondelle et de tromper l’adversaire. C’est un aspect que j’ai intégré à mon jeu au cours des deux dernières saisons. »

« Adam prend des notes, réalise des vidéos, pose des questions ; il étudie le jeu en profondeur », ajoute Rybalka. « Il regarde les autres gardiens de but, enregistre des clips et analyse tout. Il fait ses devoirs. »

Le parcours de Huneault a commencé plus tard. Le natif de Saint-Eustache, au Québec, a cessé de jouer au hockey à 14 ans en raison d’un trouble neurologique rare. À 24 ans, une vidéo d’un ancien gardien de but de l’équipe nationale a ravivé son rêve d’enfance.

« J’ai vu des athlètes professionnels aux Jeux paralympiques remporter des médailles et représenter le Canada, affirme Huneault, également un admirateur de Brodeur. « C’est à ce moment-là que j’ai su que je devais moi aussi essayer. »

Même s’il possède moins d’années dans ce sport, Huneault a progressé rapidement et s’est taillé une place au sein de l’équipe nationale en 2023.  

« J.F. a une attitude incroyable, ainsi qu’un cœur et une détermination à toute épreuve », dit Rybalka. « Son éthique de travail est sans pareille. Il est tellement concentré et travaille non seulement en vue de s’améliorer, mais aussi pour améliorer l’équipe. »

Les chemins de Watson et Kingsmill se sont croisés tout au long de leur carrière, et Watson a même offert à Kingsmill sa première luge. Plutôt qu’une rivalité, leur relation est fondée sur l’ouverture.

« Nous voulons tous les deux être le gardien partant, raconte Watson. Mais nous nous encourageons mutuellement. Si l’un d’entre nous éprouve des difficultés, l’autre est là. »

Et comme les trois mousquetaires, les gardiens de buts du Canada ne vise qu’un seul but : ramener la médaille d’or des Jeux paralympiques d’hiver de 2026.

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