Le cahier des Jeux pararalympiques : Les athlètes d’escrime en fauteuil roulant du Canada incarnent la passion paralympique
Un sport à part qui ouvre de nouvelles perspectives pour Lowthian et Rousell
Un sport à part qui ouvre de nouvelles perspectives pour Lowthian et Rousell
PARIS – Ryan Rousell et Trinity Lowthian ne se lassent jamais de parler de leur sport : l’escrime en fauteuil roulant.
Même après un combat stressant ou entre deux rencontres, la passion de ces deux jeunes athlètes du Canada pour ce sport historique est contagieuse. On l’a constaté de nouveau aux Jeux paralympiques de 2024, au cours desquels l’escrime en fauteuil roulant s’est imposée sur la scène du Grand Palais, au cœur de Paris.
« C’est l’un de ces petits sports à part », indique Lowthian, qui faisait ses débuts aux Jeux paralympiques de Paris. « J’ai choisi l’escrime pour mon nouveau défi et ce que j’aime dans ce sport, c’est qu’il y a toujours quelque chose de nouveau et de stimulant. »
L’escrime en fauteuil roulant comptait parmi les huit sports présentés en 1960 aux tout premiers Jeux paralympiques et depuis, elle fait partie de tous les Jeux d’été. Quatre-vingt-seize athlètes d’escrime en fauteuil roulant ont participé à 16 épreuves de médailles à Paris 2024. Ce sport comprend deux catégories de handicap pour l’épée, le sabre et le fleuret, chez les hommes et chez les femmes.
La version pour les personnes sans handicap attire généralement des athlètes d’escrime qui proviennent de plus de 100 pays. Peu de sports parviennent à réaliser un pareil exploit à leurs Championnats du monde. Ce sport est particulièrement populaire en France, où les récits d’épopées héroïques, d’abord dans des romans épiques, puis dans des films, enthousiasment le public depuis des siècles. Cette tradition s’est manifestée aux Jeux paralympiques et le Palais était tous les jours bondé.
Le Canada n’a jamais remporté de médaille en escrime en fauteuil roulant aux Jeux, mais Lowthian a presque réussi avec une remarquable cinquième place à l’épreuve féminine d’épée aux Jeux de Paris 2024, après avoir remporté deux de ses quatre matchs. Les conquêtes n’ont rien de nouveau pour Lowthian.
Athlète talentueuse dans divers sports, son univers a été bouleversé au secondaire. On lui a diagnostiqué une neuropathie autonome auto-immune et elle a terminé sa dernière année de secondaire alitée à l’hôpital. C’est après sa convalescence qu’elle a découvert le monde unique de l’escrime en fauteuil roulant.
Aujourd’hui, son engagement ne se limite pas à la piste de combat.
À 22 ans, elle étudie la nutrition à l’Université d’Ottawa et dirige le programme d’escrime en fauteuil roulant de la TRYumph Gymnastics Academy, qui s’est intégrée au club d’escrime d’Ottawa, afin de promouvoir l’inclusion et d’offrir des possibilités aux athlètes en situation de handicap.
Elle a joué un rôle déterminant dans la mise en place d’une communauté d’athlètes d’escrime en fauteuil roulant à Ottawa, notamment par l’obtention de fonds pour l’équipement et les programmes d’entraînement grâce à des subventions comme le Fonds de développement du sport paralympique. Ses efforts ont contribué de manière significative à la croissance et à la continuité de ce sport dans sa région.
« J’essaie vraiment de faire progresser ce sport », affirme-t-elle.
« Je veux vraiment donner aux autres les possibilités que j’ai eues dans la ville d’Ottawa et ailleurs. C’est un phénomène ici en Europe. J’ai participé à des camps et à des compétitions ici et il y a tellement de choses qui entrent en ligne de compte. »
Rousell, né prématurément avec une paralysie cérébrale qui nuit à sa motricité du côté droit, a commencé à pratiquer l’escrime à sept ans. L’athlète de 27 ans a acquis très tôt une admiration pour ce sport quand il a regardé des films comme La Princesse Bouton d’or.
C’est Sylvie Morel, sa coéquipière actuelle, qui l’a découvert quand il était adolescent et qui lui a dit qu’il avait les compétences nécessaires pour participer un jour aux Jeux paralympiques.
« En un rien de temps, j’ai pris l’avion pour les Pays-Bas afin de participer à une compétition », se souvient-il. « C’est après ce tournoi que j’ai vraiment eu la piqûre. J’ai réalisé que ce n’était pas un sport secondaire. Le sport paralympique a ses propres intensités, ses propres défis et sa propre histoire. »
Rousell, qui participait à ses deuxièmes Jeux, estime que la maîtrise des principes de base est la clé du succès en escrime en fauteuil roulant.
« Tout devient possible quand on comprend les bases du sport », explique-t-il. « Il s’agit de l’attaque, de la contre-riposte, de la retraite et de la contre-attaque. Tous les différents types de parades et de positions. Il faut être capable de réfléchir activement et de changer de stratégie au fur et à mesure que se déroule le combat d’escrime. »
S’il faut des années d’exercice pour s’élever au rang de maestro de ce sport, l’entraînement nécessite également de nombreuses heures tous les jours afin de se sculpter la silhouette parfaite pour ce sport.
« Il est très important d’être en forme et d’avoir du tonus », souligne Rousell. « Mon entraînement consiste donc essentiellement à faire des tractions, des pompes, des exercices de planche ou qui exigent des mouvements du corps, car ce sport nécessite de brèves explosions d’énergie. La rapidité est essentielle, car on dispose de très peu de temps pour marquer une touche.
Le yoga aide aussi beaucoup parce que la flexibilité est très importante en fauteuil roulant et on peut remarquer que les athlètes peuvent très bien se pencher vers l’arrière. »
Avec Rousell et Lowthian au cœur de l’action, le Canada s’apprête à connaître un regain d’intérêt pour l’escrime en fauteuil roulant.