Beijing 2022 : Un boycottage n’est pas la solution

Comité paralympique canadien

04 février, 2021

« Les Mouvements olympique et paralympique représentent des véhicules uniques de promotion de la paix »

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Voici un éditorial de David Shoemaker, chef de la direction et secrétaire général du Comité olympique canadien, et de Karen O’Neill, chef de la direction du Comité paralympique canadien

L’an prochain, plus de 400 athlètes olympiques et paralympiques canadiens entreront fièrement dans le stade de Beijing, réalisant ainsi le rêve d’une vie de concourir sur une scène mondiale et de tenter de se faire une place sur le podium. 

Pour de nombreux Canadiens, l’espoir est que les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Beijing 2022 marquent un retour attendu à une certaine normalité après la pandémie, mais aussi notre émergence positive comme peuple et comme pays après un sombre chapitre. 

Au cours des derniers mois, nous avons eu vent d’appels au boycottage des Jeux de Beijing. Le bilan troublant de la Chine en matière des droits de la personne, l’oppression des Ouïghours musulmans et la détention des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor sont des sujets qui nous préoccupent profondément. 

D’aucune façon, le Comité olympique canadien et le Comité paralympique canadien ne minimisent pas ce qui se passe en Chine. Cependant, un boycottage n’est pas la solution. 

Nous croyons plutôt que les intérêts de tous les Canadiens et de la communauté mondiale progresseront davantage grâce aux compétitions et par la célébration des performances et des valeurs canadiennes sur la scène olympique et paralympique. 

Les nations membres du G20 s’accordent avec nous sur ce point. Dans le cadre de leur plus récent sommet, elles ont réaffirmé leur engagement à participer à ces Jeux d’hiver. Nous applaudissons à cette déclaration. Bien qu’il existe de profondes divisions au sein du G20, notamment sur des enjeux importants de souveraineté, de territoires et de droits de la personne, les gouvernements disposent d’outils importants pour les traiter de façon significative. Un boycottage des Jeux olympiques et paralympiques n’en fait pas partie, puisque ceux-ci contribuent plutôt à bâtir des liens et à ouvrir des portes pour utiliser ces outils. 

Le Canada bénéficie de relations diplomatiques avec la Chine. Nous avons un ambassadeur, une ambassade et des consulats. Notre commerce bilatéral se chiffre chaque année en milliards de dollars. Nous courtisons des milliards de dollars en investissement chinois au Canada et nous encourageons les étudiants chinois à venir étudier chez nous. 

Malgré cela, des critiques réclament un boycottage des Jeux et ils considèrent ces mesures comme une grande priorité dans la refonte de nos relations avec la Chine. 

Nous croyons qu’il ne s’agisse rien de plus qu’une solution de rechange convenable et politiquement peu coûteuse au recours à une véritable diplomatie significative. Les boycottages ne fonctionnent pas. Ils punissent seulement les athlètes qui devaient participer aux épreuves, leurs adversaires et ceux pour qui ils auraient été une source d’inspiration. 

Nous ne spéculons pas, mais affirmons plutôt que les boycottages olympiques ne fonctionnent pas. En 1980, un groupe de nations mené par les États-Unis a boycotté les Jeux de Moscou en objection à la présence soviétique en Afghanistan. Ces Jeux ont eu lieu et les Soviétiques sont demeurés en Afghanistan une décennie de plus. Quatre ans plus tard, un autre boycottage a suivi en représailles aux Jeux de Los Angeles. Peu d’autres moyens ont été adoptés et en fin de compte, ce sont les athlètes qui ont payé le prix. 

Les appels au boycottage ignorent ces leçons. 

Bien que nous ne devions pas comparer les situations de différentes circonstances à l’étranger et que nous ne pouvons pas le faire, nous savons une chose : quand nos convictions ont été mises à l’épreuve par le passé, nous avons raffermi notre volonté à faire partie de la solution chez nous et à l’étranger. Les lois anti-LGBTQ en Russie avant les Jeux de Sotchi en 2014 ont inspiré une vague de nouveaux programmes d’inclusion de personnes LGBTQ dans nos communautés ici au Canada. 

Les Mouvements olympique et paralympique représentent des véhicules uniques de promotion de la paix, du développement et de l’unité, pas de la division. Plus particulièrement, le sport paralympique met en vitrine les réalisations d’athlètes ayant un handicap devant un auditoire mondial. La « Trêve olympique » représente une réalisation remarquable considérant tout ce qui divise le monde. 

Face aux seules options qui s’offrent à nous, soit d’aller aux Jeux ou de ne pas y aller, notre approche est d’être présents et de participer à la conversation. 

Nous croyons que nous pouvons amplifier les voix et profiter de relations individuelles pour encourager le changement, peu importe combien la situation peut sembler ambitieuse ou difficile par moment. 

Les Jeux olympiques et paralympiques possèdent le pouvoir unique de réunir le monde et de créer un dialogue comme peu d’autres. Quand nos athlètes seront en action à Beijing, Équipe Canada mettra en vitrine les valeurs canadiennes et contribuera à bâtir des ponts essentiels et non pas des murs entre les nations. 

Cet éditorial a paru originalement dans La Presse